On croit souvent que la colère est un problème de tempérament. Pourtant, elle est parfois le seul moyen qu’on a trouvé pour dire qu’on souffre. Elle surgit brutalement, parfois sans raison apparente, si bien que l’entourage ne comprend pas. On crie, on explose, on se renferme, et on culpabilise ensuite. Mais cette rage intérieure n’est pas anodine.
Elle est souvent le reflet de stress enfoui, voire de traumatismes anciens qu’on n’a jamais vraiment digérés.
La colère n’est pas forcément mauvaise. Elle est là pour alerter, pour signaler un besoin non comblé, un déséquilibre. Toutefois, quand elle devient constante, imprévisible, voire destructrice, il est essentiel de comprendre ce qui se passe en nous. Le stress chronique et les traumatismes passés sont souvent les déclencheurs cachés de cette instabilité émotionnelle.
En raison de ces blessures invisibles, certaines personnes vivent à fleur de peau. Elles sont constamment sur le qui-vive, comme si un danger allait surgir à tout moment. Cela fatigue, use, et finit par s’exprimer sous forme de colère.
Quand le corps vit sous un stress permanent, il fonctionne en mode survie. Ce mode active certaines hormones comme le cortisol ou l’adrénaline. Résultat : on est tendu, irritable, épuisé. Ce n’est pas une question de volonté, c’est biologique. Si bien que les réactions peuvent devenir automatiques, incontrôlables.
On peut exploser à cause d’un détail anodin car notre système nerveux est déjà saturé. Le stress agit comme une pression constante sous laquelle tout finit par éclater.
Les traumatismes, surtout ceux vécus dans l’enfance, laissent des traces profondes. Ces blessures émotionnelles peuvent rejaillir des années plus tard, sous forme de colère, de crises d’impulsivité ou de tensions chroniques.
Car lorsqu’un événement douloureux n’a pas été compris ni apaisé, le cerveau garde l’alerte active. On vit alors dans une tension continue, sans savoir pourquoi. Toute remarque peut sembler une attaque, chaque silence devient suspect. Cette hypervigilance alimente la colère.
Beaucoup de comportements jugés “exagérés” chez l’adulte prennent racine dans l’enfance. Un enfant qui a dû se défendre seul, qui n’a pas été écouté ou qui a subi de la violence, apprend à répondre vite, fort, parfois violemment. Car à ce moment-là, c’était vital pour lui.
Une fois adulte, ces réflexes subsistent, même si le danger n’est plus là. C’est ce qu’on appelle une réaction post-traumatique. Ce n’est pas de la mauvaise volonté, c’est une mémoire du corps.
Notre corps parle, même quand on ne l’écoute pas. Tensions musculaires, migraines, douleurs dans le dos ou l’estomac… ce sont souvent des signes que quelque chose ne va pas. Toutefois, on banalise ces maux en pensant que c’est la fatigue ou l’âge.
En réalité, en raison de stress accumulé ou de traumatismes non traités, le corps continue à vivre comme si le danger était toujours présent. Il se crispe, se protège, résiste. Les psycho-traumatimes peuvent se manifester par des somatisations: migraines, douleur au ventre, réactions cutanées...
La colère est parfois sourde à l'espace conscient. Le corps exprime une colère qui doit sortir.
Une remarque anodine, un mot de travers, un regard de travers… et c’est l’implosion. Ce type de réaction peut paraître disproportionné. Toutefois, pour la personne qui vit cela, c’est un mécanisme de défense. Ce “rien” a réveillé un souvenir enfoui, un sentiment d’injustice, ou une peur ancienne.
Les traumatismes non résolus agissent comme des mines. On ne sait jamais quand on va marcher dessus. Mais quand c’est le cas, la colère surgit d’un coup.
Une remarque anodine, un mot de travers, un regard de travers… et c’est l’implosion. Ce type de réaction peut paraître disproportionné. Toutefois, pour la personne qui vit cela, c’est un mécanisme de défense. Ce “rien” a réveillé un souvenir enfoui, un sentiment d’injustice, ou une peur ancienne.
Les traumatismes non résolus agissent comme des mines. On ne sait jamais quand on va marcher dessus. Mais quand c’est le cas, la colère surgit d’un coup.
Le cerveau, en particulier l’amygdale, joue un rôle clé dans nos réactions émotionnelles. En cas de traumatisme, cette partie du cerveau reste en alerte. Elle réagit très vite, sans passer par la réflexion. Car elle veut protéger.
Toutefois, cette protection peut devenir problématique. En raison de cette alerte permanente, la personne réagit de manière impulsive, parfois violente, alors qu’il n’y a pas de vrai danger.Faire la paix avec son passé pour apaiser sa colère
Apprendre à gérer sa colère, ce n’est pas “se calmer” ou “prendre sur soi”. C’est comprendre d’où elle vient, et ce qu’elle veut dire. Car souvent, derrière une colère, il y a une douleur. Une peur. Une ancienne humiliation.
Travailler sur ses traumatismes, c’est libérer ces émotions coincées. C’est offrir à son cerveau une nouvelle manière de réagir. Ce travail peut se faire en thérapie, mais aussi par l’écriture, la méditation, ou des pratiques corporelles comme le yoga ou la respiration consciente.
Chaque personne a des déclencheurs différents. Il peut s’agir d’un ton de voix, d’une situation de rejet, d’un bruit particulier. Identifier ces déclencheurs permet de mieux anticiper les crises, et de mettre en place des stratégies pour les gérer.
Car en comprenant ce qui alimente notre colère: nos "croyances", nos valeurs ou nos besoins, on reprend un peu de pouvoir sur elle. On cesse de la subir. On apprend à lui répondre autrement.
Il arrive souvent qu’on n’exprime pas sa colère. On l’avale, on la cache, on fait bonne figure. Toutefois, cette colère ne disparaît pas. Elle reste à l’intérieur, et se transforme en stress chronique, en tensions musculaires, voire en troubles digestifs ou en insomnies.
En raison de cette pression constante, le corps finit par dire stop. Il sature, il craque. Le burn-out émotionnel guette.
Tout le monde n’exprime pas sa colère de la même manière. Certains crient, d’autres claquent des portes, ou explosent verbalement. Mais d’autres restent silencieux, froids, distants. Ils coupent le lien, disparaissent, se ferment.
Cette colère froide est souvent plus difficile à repérer, mais tout aussi destructrice. Car elle empêche le dialogue, elle crée des murs, elle isole. Et derrière elle, il y a souvent une souffrance intense, qu’on n’a pas su formuler autrement.
Tout le monde n’exprime pas sa colère de la même manière. Certains crient, d’autres claquent des portes, ou explosent verbalement. Mais d’autres restent silencieux, froids, distants. Ils coupent le lien, disparaissent, se ferment.
Cette colère froide est souvent plus difficile à repérer, mais tout aussi destructrice. Car elle empêche le dialogue, elle crée des murs, elle isole. Et derrière elle, il y a souvent une souffrance intense, qu’on n’a pas su formuler autrement.
Quand on a été blessé dans une relation (que ce soit avec un parent, un partenaire ou un proche) il peut devenir très difficile de faire confiance. Le moindre conflit peut réveiller une peur d’être abandonné, humilié ou rejeté.
Cela génère un stress relationnel constant, si bien que la colère devient une manière de garder le contrôle. On attaque pour ne pas être attaqué. On repousse avant d’être repoussé. C’est une forme d’autoprotection.
Non, tu n’es pas "trop sensible". Non, tu n’as pas "mauvais caractère". Ce que tu ressens est légitime. Ce n’est pas une faiblesse. C’est le signe que ton corps et ton cœur ont vécu quelque chose de trop lourd à porter seul.
Comprendre que la colère est un langage – celui de ton histoire – permet de changer de regard. Et d’ouvrir la porte à un chemin de reconstruction.
Quand la colère prend toute la place, il est important de demander de l’aide. Ce n’est pas un aveu de faiblesse. Au contraire, c’est un acte de courage.
Il existe de nombreuses approches spécialisées dans la gestion des émotions et le traitement des traumatismes.
Par ailleurs, certaines approches alternatives comme l’EMDR, la cohérence cardiaque, ou l'hypnose ont montré des résultats très positifs sur les personnes en colère chronique liée au stress post-traumatique.
Le coaching est également un modèle d'accompagnement efficace, qui permet de travailler les facteurs de stress, pour se libérer de la colère.
La régulation émotionnelle, ça s’apprend. Il ne s’agit pas de se transformer en moine zen du jour au lendemain. Mais de faire un pas, puis un autre. Respirer. Dire ce qu’on ressent, même maladroitement. Écrire. Se reconnecter à son corps.
Car plus on s’autorise à vivre ses émotions, moins elles explosent. Plus on comprend ses déclencheurs, moins ils nous contrôlent. Et plus on apaise son passé, plus on se libère de cette rage silencieuse.
La régulation émotionnelle, ça s’apprend. Il ne s’agit pas de se transformer en moine zen du jour au lendemain. Mais de faire un pas, puis un autre. Respirer. Dire ce qu’on ressent, même maladroitement. Écrire. Se reconnecter à son corps.
Car plus on s’autorise à vivre ses émotions, moins elles explosent. Plus on comprend ses déclencheurs, moins ils nous contrôlent. Et plus on apaise son passé, plus on se libère de cette rage silencieuse.
La colère n’est pas ton ennemi. Elle n’est pas là pour détruire, mais pour exprimer ce qui n’a pas été dit. En raison de traumatismes passés ou de stress accumulés, elle est peut-être devenue ton seul moyen d’expression.
Mais il existe d’autres chemins. Des chemins qui ne nient pas ta souffrance, mais qui la transforment. Qui t’aident à écouter ce que ton corps veut dire. Et qui t’apprennent, doucement, à faire la paix avec cette colère.
Pour aller plus loin :
Fondation pour la recherche sur le cerveau.
INSERM : L’EMDR pour traiter le stress post-traumatique, vraiment ?
Le psycho-trauma; effets, risques et enjeux : https://shs.cairn.info/revue-memoires-2018-2-page-5?lang=fr